
Allocation chômage vs Allocation de retour à l’emploi : quelles différences important à connaître ?
Deux lettres officielles, deux promesses de protection, et pourtant un fossé invisible : l’allocation chômage d’un côté, l’allocation de retour à l’emploi de l’autre. Les deux se présentent comme un rempart contre la précarité, mais ne s’adressent pas forcément au même public, ni dans les mêmes conditions. À l’heure où la perte d’un emploi frappe sans prévenir, mieux vaut savoir ce que cachent réellement ces sigles familiers. Alors, que se joue-t-il derrière ces termes que tout le monde utilise, mais que bien peu comprennent vraiment ?
Derrière l’apparente simplicité de ces aides se cache un univers de règles, de critères et de subtilités administratives. Savoir les distinguer, c’est éviter les déconvenues au moment où le besoin d’un filet de sécurité se fait le plus sentir. On l’ignore souvent, mais une nuance peut faire basculer toute une trajectoire professionnelle. Mettons cartes sur table : quelles sont les différences concrètes entre allocation chômage et allocation de retour à l’emploi ?
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Plan de l'article
Allocation chômage et ARE : deux notions souvent confondues
Dans la vie courante, l’allocation chômage semble être un concept unique. Mais en réalité, une aide domine le paysage : l’ARE (allocation de retour à l’emploi). Celle-ci est versée par France Travail (anciennement Pôle emploi) aux personnes privées d’emploi contre leur volonté. L’ARE constitue le cœur du dispositif d’assurance chômage en France.
Un amalgame persiste : on parle d’allocation chômage pour désigner toutes les aides liées à une période sans emploi, alors que l’ARE représente l’indemnité de référence pour celles et ceux qui ont travaillé puis perdu leur poste. Pour y prétendre, il ne suffit pas d’être inscrit comme demandeur d’emploi. Plusieurs conditions s’imposent, dont l’inscription active auprès de France Travail et une recherche d’emploi effective.
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- L’ARE concerne ceux qui justifient d’au moins 130 jours ou 910 heures travaillés sur les 24 derniers mois (36 mois pour les 55 ans et plus).
- Elle est réservée aux personnes ayant perdu leur emploi de manière involontaire : fin de CDD, licenciement, rupture conventionnelle, ou démission reconnue comme légitime.
- Le demandeur doit résider sur un territoire couvert par l’assurance chômage : France métropolitaine, DROM, Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Monaco.
France Travail attribue l’ARE à ceux qui remplissent l’ensemble de ces critères, sous réserve de ne pas avoir atteint l’âge de départ à la retraite et d’être aptes à travailler. Dernièrement, la réglementation s’est durcie : il faut désormais justifier d’au moins six mois d’activité, et refuser deux propositions de CDI après un CDD ou une mission d’intérim entraîne la suppression de l’allocation.
Quels critères distinguent vraiment ces dispositifs ?
Pour saisir la ligne de démarcation entre allocation chômage et allocation de retour à l’emploi, il faut scruter les conditions d’accès et les circonstances de rupture du contrat de travail. L’ARE cible spécifiquement les salariés privés de leur emploi sans l’avoir choisi : licenciement, rupture conventionnelle, fin de CDD ou démission légitime.
Certaines ruptures ouvrent droit à l’ARE, d’autres non. Une démission classique, sans raison reconnue, n’y donne pas accès. Seules les démissions qualifiées de légitimes (pour suivre un conjoint, en cas de non-paiement du salaire, de violences, etc.) permettent d’obtenir l’allocation. Ce filtre n’a rien d’anodin : il réserve l’ARE à ceux qui ont cotisé suffisamment et se retrouvent dans une situation non choisie.
- Condition d’affiliation : minimum 130 jours ou 910 heures travaillés sur deux ans (ou trois ans dès 55 ans).
- Inscription obligatoire : il faut s’enregistrer chez France Travail, prouver sa recherche active et résider sur un territoire couvert.
- Âge et aptitude : l’ARE s’adresse aux personnes en âge de travailler, n’ayant pas atteint l’âge légal de départ à la retraite, et aptes à exercer un emploi.
Depuis peu, refuser deux CDI à la suite d’un CDD ou d’une mission d’intérim ferme la porte à l’ARE. La durée minimale d’affiliation est passée à six mois sur les deux dernières années. Ces règles strictes séparent l’aide « générique » du chômage du droit à l’ARE, beaucoup plus encadré.
Comprendre le calcul et la durée des droits selon votre situation
Le montant de l’ARE repose sur un calcul précis : tout tourne autour du salaire journalier de référence (SJR), établi à partir des rémunérations brutes des 24 derniers mois (ou 36 pour les 55 ans et plus). Deux méthodes sont comparées : soit 40,4 % du SJR additionné de 13,11 €, soit 57 % du SJR. La formule la plus avantageuse est retenue, mais sans dépasser 75 % du SJR, ni descendre sous 31,97 € brut par jour.
Avant le premier versement, un délai d’attente de sept jours s’applique, augmenté de différés liés aux indemnités de rupture ou aux congés payés non pris. Les versements sont ensuite mensuels, sur la base de 30 jours calendaires.
La durée d’indemnisation dépend de l’âge et de la période travaillée :
- Moins de 55 ans : maximum 548 jours (soit environ 18 mois)
- 55-56 ans : 685 jours
- 57 ans et plus : 822 jours
Impossible d’aller sous 182 jours. Par ailleurs, un coefficient de réduction (actuellement 0,75) vient écourter la durée d’indemnisation en période économique dite « favorable ».
L’ARE n’est pas figée : pour les rémunérations élevées, la somme baisse de 30 % à partir du septième mois (pour les moins de 55 ans). Plusieurs prélèvements grignotent le montant : CSG, CRDS, cotisation retraite complémentaire, prélèvement à la source.
Une formation professionnelle via le CPF ? Elle suspend, pendant sa durée, la dégressivité de l’ARE. L’indemnisation cesse dès que l’âge légal de la retraite est atteint ou que la pension à taux plein est liquidée.
Choisir la solution la plus adaptée : ce qu’il faut retenir pour sécuriser son parcours
L’ARE demeure le socle sur lequel s’appuient la plupart des demandeurs d’emploi en France. Mais lorsque cette ressource s’épuise, deux options prennent le relais : l’ASS (allocation de solidarité spécifique) et l’ARCE (aide à la reprise ou à la création d’entreprise). L’ASS concerne ceux qui n’ont plus droit à l’ARE et disposent de faibles revenus. L’ARCE, elle, s’adresse à ceux qui veulent transformer leur période de chômage en tremplin vers l’entrepreneuriat.
- ASS : versée sous conditions de ressources et d’activité passée, cette aide prend le relais après l’épuisement de l’ARE, mais avec un montant inférieur.
- ARCE : versement en capital d’une fraction des droits restants à l’ARE, pour financer la création ou la reprise d’une activité indépendante.
La formation professionnelle (notamment via le CPF) suspend provisoirement la dégressivité de l’ARE, offrant une bouffée d’oxygène à ceux qui choisissent de se former. Le maintien des droits jusqu’à la retraite à taux plein reste possible, sous réserve de remplir les critères d’âge, d’affiliation et de trimestres validés.
Au fond, chaque situation impose un choix : garantir ses revenus avec l’ASS, investir dans ses compétences, ou miser sur le rebond entrepreneurial grâce à l’ARCE. La trajectoire idéale dépend du passé professionnel, du projet personnel, et de la capacité à mobiliser ses droits. Restez attentif : une réforme, et ce paysage peut se transformer du jour au lendemain.